
Don Quichotte by Gustave Dore
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Quand Miguel de Cervantès publie Don Quichotte au début du XVIIᵉ siècle, il donne naissance à l’un des personnages les plus universels de la littérature. Trois siècles plus tard, Gustave Doré, maître incontesté de la gravure au XIXᵉ siècle, offre au chevalier errant et à son écuyer Sancho Panza une iconographie devenue indissociable du texte.

Doré face à Cervantès
Gustave Doré (1832–1883) est alors au sommet de sa carrière : ses illustrations pour Dante, la Bible ou encore les contes européens l’ont fait connaître au public. Son édition de Don Quichotte (1863) montre combien il maîtrise le récit épique et comique à la fois. Doré transforme les épisodes de Cervantès en compositions théâtrales — avec un sens aigu du cadrage, des contrastes et du mouvement.

Scènes emblématiques
- La lutte contre les moulins à vent : spectacle tragique et burlesque, symbole de l’idéalisme du héros.
- Dulcinée : la dichotomie entre l’idéal chevaleresque et la réalité paysanne est rendue par des cadrages ironiques.
- Don Quichotte et Sancho Panza : la silhouette élancée du chevalier et la corpulence de l’écuyer composent une image de contraste humain et comique.

Style et héritage
Les gravures de Doré se caractérisent par des noirs très profonds, des hachures précises et des effets de clair-obscur dramatiques. Elles offrent un équilibre entre réalisme topographique (les paysages castillans) et invention dramatique. Depuis l’édition de 1863, l’imagerie de Don Quichotte créée par Doré a durablement influencé notre perception du personnage. Pour beaucoup de lecteurs, le visage de Don Quichotte et la compacité de Sancho sont d’abord ceux dessinés par Doré.
Conclusion
Lire Don Quichotte accompagné des gravures de Gustave Doré, c’est voir le texte déployé en images qui oscillent entre dérision et grandeur. Doré n’illustre pas seulement : il interprète, amplifie et fixe une iconographie encore vivante aujourd’hui.