D'Horus à Saint Georges terrassant le dragon
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Dans cet article nous allons voir que la célèbre légende de saint-george térassant le dragon trouve son origine dans l'Égypte antique et notamment par Horus.
Saint-Georges : du roi harponneur à l'Horus légionnaire
Quoi de plus simple, semble-t-il, que d'interpréter l'image de Saint-Georges sur son cheval, transperçant de sa lance le dragon? En effet, de l'Ethiopie jusqu'à la Russie l'image est constante.
La légende classique :
Certains situent la légende de George dans le monde grec, près de la ville de Silène, en Libye, où se trouvait un monstre à qui la population devait livrer chaque jour une chèvre. Puis ses victimes furent les jeunes gens et les jeunes filles du pays et même la fille du roi, que Georges rencontra lorsqu'elle se rendait au sacrifice vers le dragon. Monté sur son cheval, il transperça alors le monstre de sa lance. Puis, il recommande à la princesse d'attacher sa ceinture au cou de la bête qui se laissa, alors, diriger aussi docilement qu'un chien.
Paolo Uccello. Saint George and the dragon (c. 1470)
Le roi, Horus harponneur
Ainsi, en remontant dans le temps, il faut retrouver en égypte, à la XVIIIe dynastie (milieu du XIVe siècle avant Jésus), dans le mobilier funéraire du petit roi Toutânkhamon, l'élégante figurine en bois doré du jeune souverain, debout sur une légère nacelle, occupé à lancer un grand harpon. Ce geste millénaire, répété sur les rives du Nil, rappelle l'attitude archaique du chef maitrisant le crocodile, ou bien l'hippopotame au fond du fleuve.
Beaucoup plus tard, (plus de treize siècles après !) sur un des murs du temple ptolémaïque d'Edfou, dédié à Horus le faucon solaire, on trouve le reflet de cette composition magique. C'est alors Horus, à la taille humaine héroïque et à la tête de faucon, campé sur le pont de son bateau fluvial qui transperce de son long harpon l'hippopotame qu'il vient ainsi d'enchainer au fond des eaux. Les proportions réduites de la bête, au regard de celle du harponneur, soulignent la puissance de ce dernier. C'est bien Horus, vainqueur de l'animal maléfique, protecteur par excellence, éternisant la destruction des nuisances.
Capturing the hippopotamus, temple of Efou
L'interprétation du mythe égyptien
Les Romains reprirent le thème et l'aménagèrent en une image composite, créant ainsi un compromis accessible aux occupants comme aux occupés. Le monstre à détruire put aussi bien être le crocodile de forte taille et le vainqueur gardant sa forme humaine, - seule sa tête de faucon rappelait son identité primitive de forme divine, ayant remplacé celle du souverain. Puis, pour dominer son adversaire, Horus ne se tint plus sur le pont de son bateau ; mais, comme un légionnaire Romain, il fut représenté chevauchant sa monture, ce qu'un égyptien n'aurait jamais fait. Nous avons la chance de conserver au Musée du Louvre l'image copte de transition, représentant un cavalier romain à tête de faucon qui tue le démon, incarné par un crocodile. Jusqu'en Éthiopie, l'iconographie de saint Sisinus prolongea la geste de l'Horus solaire détruisant le Malin.
On retrouve alors ce thème millénaire véhiculé de Byzance jusqu'en Russie, puis passé en Europe occidentale où, partout alors, le monstre nilotique fut remplacé par un dragon.
Une providentielle image de transition nous est fournie, à l'époque romaine, où "Horus le sauveur" apparaît vêtu en légionnaire romain et monté à cheval. Il est cependant reconnaissable par sa tête de faucon. L'hippopotame est remplacé par le crocodile nilotique.